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Théophile Gautier - Premier Sourire du Printemps

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Tandis qu'à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

 

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.

 

Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va furtif et perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.

 

La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

 

Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux près les perce-neiges
Et les violettes aux bois.

 

Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.

 

Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.

 

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir
Au seuil d'avril tournons la tête
Il dit : "Printemps, tu peux venir ! "

 

Théophile Gauthier
(1811-1872)

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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